J'ai écouté sa vidéo complète sur Facebook, il dit qu'il se demande jamais si une performance est clean ou pas et qu'il s'en fiche à la limite. La règle du jeu est de pas se faire prendre, celui qui l'est paye logiquement mais sans plus. Je le pensais pas si tolérant là-dessus. En fait il est plus dégouté qu'elle se soit fait possiblement prendre que par son dopage. Après il aurait sûrement un autre discours si c'était un athlète étranger qu'il peut pas saquer.
C'est pas pire que Holtz qui suçait tout le monde avec son ton mielleux et chiait sur le type en question une fois qu'il était pris, je me souviens du fameux "Vinokourov ce héros devenu zéro" avec un air sévère quand il a été positif sur le Tour, tout ça pour finir par le resucer à son retour en parlant de repenti
Sinon un article Le Monde sur Ifrane cette belle ville touristik qui attire beaucoup d'athlètes
C’est un petit bourg du Moyen Atlas, au Maroc, dont le nom fait rêver les athlètes et cauchemarder l’IAAF, la Fédération internationale d’athlétisme. Ifrane, perchée à plus de 1 600 mètres d’altitude à une heure de route de Fès, et son petit stade d’athlétisme, sont à nouveau sous le feu des projecteurs après l’affaire du contrôle antidopage « présumément » esquivé par la marathonienne française Clémence Calvin et son compagnon, Samir Dahmani.
C’est à Marrakech que l’épisode s’est produit. Mais Ifrane est un lieu de stage fréquent du couple et fait partie des endroits que la Fédération française d’athlétisme (FFA), échaudée par cette nouvelle affaire, devrait désormais déconseiller à ses athlètes à travers un renforcement du contrôle sur le choix des lieux des stages individuels. Mardi 9 avril, la FFA a déjà décidé d’annuler un stage fédéral qui était prévu à Ifrane en avril.
« Ifrane, c’est la catastrophe ! », résume un enquêteur travaillant dans la lutte antidopage. Particulièrement pour l’athlétisme français, dont les plus éminents représentants y ont pris leurs habitudes : outre Clémence Calvin, c’est le cas des trentenaires, champions d’Europe à l’été 2018, Mohrad Amdouni (10 000 mètres) et Mahiedine Mekhissi (3 000 mètres steeple), également triple médaillé olympique – aucun de ces deux athlètes n’a été contrôlé positif. Mais la génération précédente du demi-fond français, touchée par de nombreux contrôles positifs (Fouad Chouki, Hind Dehiba ou Bouchra Ghezielle, entre autres), s’y rendait également.
« Petite zone de non-droit »
Pour l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), Ifrane est une épine dans le pied, « une petite zone de non-droit qui m’inquiète beaucoup », comme nous l’expliquait à l’automne 2018 Damien Ressiot, son directeur des contrôles. Alors que le centre d’entraînement d’altitude de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, fait l’objet d’une surveillance et de contrôles réguliers, Ifrane est devenue un lieu de repli.C’est Hicham El Guerrouj qui, il y a vingt ans, a donné ses lettres de noblesse à ce lieu. Le double champion olympique d’Athènes en 2004, toujours recordman du monde sur 1 500 mètres et jamais contrôlé positif, s’y entraînait, enchaînant les tours sur la piste de ce stade vétuste, illuminé par quatre projecteurs antiques et cerclé de tribunes de petits sièges jaunes en plastique, avec une modeste tribune d’honneur.
Pour les athlètes, le cadre est parfait : soleil, chaleur pas écrasante et altitude qui permet de faire grimper naturellement l’hématocrite, le taux de globules rouges dans le sang, précieux pour les sports d’endurance.
Dans un article publié sur le site de la FFA il y a dix ans, l’entraîneur Philippe Dupont, alors manager du demi-fond et désormais entraîneur principal à l’Insep – et de Dahmani et Amdouni –, chantait les louanges d’Ifrane : « Des parcours variés permettent aux coureurs de demi-fond de rompre avec la monotonie. Les possibilités sont vastes : plat, bosses, forêt, terrains souples, chemins plus durs, côtes, le tout dans un cadre superbe. »
C’est à Rabat et Ifrane qu’une génération d’athlètes marocains a progressé dans la hiérarchie mondiale, jusqu’à ce que, à la fin des années 2000, le travail de la fédération marocaine et de l’IAAF fasse tomber pour dopage un nombre important d’athlètes locaux. Depuis, la population s’est internationalisée.
Les Français y sont les Européens les plus assidus, pour des raisons linguistiques et de réseaux ancestraux. On y trouve aussi Qataris, Saoudiens ou Tunisiens, souvent encadrés par des entraîneurs marocains qui organisent facilement et à bas prix des stages de préparation avec appartement, masseur… et pour certains, produits dopants. « C’est un marché du dopage à ciel ouvert, décrit un enquêteur. Les gens qui louent des appartements fournissent le package total, avec les produits. » « Ifrane, c’est “open bar” », confirme un agent expérimenté de la lutte antidopage.
« Marché du dopage à ciel ouvert »
Contacté par Le Monde, le secrétaire général de la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA), M’Hammed Rhazlane, n’a pas souhaité évoquer le cas d’Ifrane. Le responsable antidopage de la FRMA, le docteur Abdellatif Afifi, a répondu pour tout commentaire : « La Fédération a un programme de lutte antidopage, un programme de sensibilisation et a impliqué les autorités antidopage dans cette mission. »
Un connaisseur de l’athlétisme marocain explique que « la culture du dopage à Ifrane s’est mise en place par le biais d’athlètes marocains qui ont importé les méthodes de dopage d’Espagne, d’Italie ou de Belgique, où ils couraient en club. Ils savaient se procurer et comment utiliser de l’EPO et de l’hormone de croissance. Ceux qui voulaient s’initier allaient à Ifrane, parce que les gens en parlent entre eux et savent qu’ils vont tout trouver sur place. Pour moi, il n’y a pas de réseau structuré mais une organisation en petites cellules. »
Aujourd’hui, poursuit cette source, les produits dopants viennent souvent de Ceuta, l’enclave espagnole sur le continent, et sont vendus par des pharmaciens peu scrupuleux. Un établissement médical local est également réputé faciliter l’exercice de transfusions sanguines.
Dans l’athlétisme, dès qu’un athlète se signale à Ifrane sur la plate-forme de localisation Adams, cela déclenche une alerte rouge chez l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU), entité indépendante qui assure le programme antidopage de l’IAAF.
En janvier 2016, devant les juges d’instruction du pôle financier de Paris dans le cadre de l’enquête sur la corruption à l’IAAF, le responsable de l’antidopage à la fédération internationale, Gabriel Dollé, avait dit son inquiétude de longue date vis-à-vis du Maroc et particulièrement d’Ifrane, « une place tournante offrant la possibilité de dopage à l’entraînement, non seulement pour les athlètes marocains mais aussi pour les athlètes étrangers qui viennent s’entraîner ».
Il y a quelques années, un entraîneur belge accompagné de son athlète avait découvert dans l’appartement qu’il louait un frigo rempli de produits dopants et avait prévenu l’IAAF. L’Agence mondiale antidopage avait immédiatement alerté les autorités marocaines, mais la police avait mis quatre jours à se rendre dans l’appartement, vidé dans l’intervalle de ces éléments embarrassants.
« Au Maroc, les choses ont bien progressé, salue pourtant Brett Clothier, directeur de l’AIU. La volonté des autorités marocaines de lutter contre le problème est réelle, mais pour être franc, elles ont besoin de notre aide. Quand nous sommes au courant d’un endroit à risque, nous prenons le temps d’élaborer notre stratégie. »
Notoriété des deux préleveurs locaux…
Loin de ce discours officiel, « l’AIU n’a aucune confiance dans les autorités locales », souffle une source au fait de la question. Et, depuis des années, leur adresse des dizaines de courriers réclamant leur coopération au sujet d’Ifrane, sans voir la situation évoluer.
En 2016, cependant, la police marocaine avait procédé à un coup de filet après la livraison d’informations précises par un athlète menacé d’une sanction pour dopage. Cet athlète avait collaboré avec l’AFLD et l’IAAF et vu sa suspension réduite de moitié.
Jusqu’à présent, les efforts de l’AIU ont surtout porté sur le Kenya, dont la station phare, Iten, connaît les mêmes problèmes qu’Ifrane. La collaboration du gouvernement kényan est plus constante que celle du Maroc, après que Nairobi a été menacé d’exclusion des Jeux olympiques.
Tous les experts estiment que les méthodes de lutte contre le dopage, reposant sur des contrôles inopinés, sont inopérantes à Ifrane et que le problème ne sera résolu qu’avec une pression policière régulière. Plusieurs facteurs contribuent à l’inefficacité des contrôles : l’identité connue des deux préleveurs locaux, la tolérance vis-à-vis de la corruption, la topographie des lieux et l’éclatement des hébergements. Aucun contrôle à Ifrane n’est réellement inopiné.
Seules les missions commandos, comme celle réalisée fin mars par l’AFLD et qui visait le couple Calvin-Dahmani, ont une chance d’aboutir. Même si, pendant des années, la photo du plus expérimenté des préleveurs français, Olivier Grondin, était affichée aux aéroports de Rabat et Fès afin que des agents de la douane marocaine puissent en avertir les entraîneurs à Ifrane.